La construction hors-site est souvent présentée comme une solution novatrice, « l’Avenir » de l’industrie de la construction. Pourtant, il semble que cette dernière tarde à réellement se démocratiser. 

Dans un rapport de janvier 2021, à la demande de l’ex-ministre du logement Julien Denormandie, les auteurs Bernard Michel et Robin Rivaton désignent la construction hors-site comme un « gisement de croissance ». Les circonstances économiques et climatiques actuelles viennent renforcer le besoin de faire évoluer le secteur et imposent le développement de la construction hors-site sans délai. Pour favoriser ce nouveau mode de construction, trois types de transformations sont à prendre en compte : conception et suivi numériques, sites de production centralisés et automatisés, méthode de gestion de la production et assemblage ajusté aux besoins. Mais au-delà d’être un sujet d’actualité, où en est-on réellement de l’essor de la construction hors-site ? 

Construction hors-site : de quoi parle-t-on ? 

La construction hors-site - off the building ou off-site - se caractérise par une étape de préfabrication, hors du chantier. En d’autres termes, les futurs bâtiments sont « coulés » ou préconstruits de manière industrielle comme on assemblerait une voiture en usine. Cette préfabrication lorsqu’elle est poussée à l’extrême peut permettre d’avoir un asset achevé de 80% à 95%. Cette technique aboutit à la notion de construction modulaire. 

Bien qu’assez méconnues, les racines de la construction hors-site plongent au travers des civilisations mésopotamienne et romaine. Elle connaîtra un grand essor au XVIIIe siècle au Portugal à Lisbonne lors de la reconstruction de la ville après un violent séisme. Puis, elle accompagnera aux USA au XIXe siècle, la ruée vers l’or en Californie avec la construction des cités minières et enfin s’’illustrera à New York au début du XXe siècle au travers de l’édification « en 1 an et 45 jours » de l’Empire State Building (le début de construction de l’édifice débuta le 17 mars 1930). 

Suivi de chantier depuis le logiciel Kairnial

Qu’est-ce que la construction hors-site en 2022 ? 

Aujourd’hui, la construction hors-site se développe au travers de deux filières qui peuvent apparaître concurrentes ou cantonnées dans des registres différents : la maison individuelle ou les bâtiments de faible élévation en ossature bois et les bâtiments collectifs et de grande hauteur pour les structures béton. Dans les faits, l’expansion du hors site se trouve sans doute dans la complémentarité des deux matériaux : bois et béton. Mais encore plus qu’une question de matière première, la construction hors-site c’est avant tout une nouvelle organisation. 

En effet, la véritable révolution du hors-site se situe surtout dans le mode de pensée qui est ici techniquement et technologiquement tourné vers la « manufacturalisation » de la construction et non plus vers la construction sur chantier. Elle utilise d’ailleurs beaucoup les outils en provenance de l’industrie comme le DfMA pour Design for Manufacturing & Assembly c'est-à-dire concevoir pour la préfabrication et l’assemblage. Exit la conception pour le chantier ! C’est donc une différence majeure et ceux qui l’ont compris et l’appliquent déjà peuvent prétendre à des marges nettement plus confortables. 

La construction hors site d'un immeuble avec le suivi et contrôle du logiciel Kairnial

Mais alors quelles difficultés freinent son développement ?   

C’est essentiellement une question de mentalité du métier. Les difficultés proviennent du fait que les projets n’incluent pas le hors-site dès leur conception, elles sont d’ordre organisationnelles et de communication entre les différents intervenants. Par ailleurs, un autre problème est lié au vaste travail qu’il reste à mettre en œuvre dans les domaines de la formation et de la sensibilisation des différents acteurs aux avantages du hors-site, notamment des architectes. Il s’avère primordial de bien faire admettre que passer à une approche industrielle n’empêche pas de réaliser de très beaux projets et de qualités. Enfin, il faut parallèlement faire évoluer les réglementations et les modes de financement auxquels sont soumis les projets. 

La construction modulaire est encore perçue comme un mode construction trop éloigné des standards et habitudes des professionnels. Pourtant cette dernière semble être la clé pour maintenir voire renforcer les marges des entreprises. Le développement du hors-site est enfin étroitement lié au numérique dont le DfMA et le BIM comme nous avons pu le découvrir et le souligner. Ainsi l’utilisation de logiciels comme la plateforme collaborative Kairnial est déterminante pour accélérer et réussir la mise en œuvre totale de l’ère de l’industrialisation de la construction. 

Sources :

ZEPROS, L'ECHO de la baie, XPAIR, HORS SITE, Algeco, Batiactu, JAMART, Radio immo, Batiweb, HORS SITE, CONSTRUCTION21, HORS SITE et CONSTRUCTION21