De l’ordre de 190 m3 de béton seraient coulés chaque seconde dans le monde, soit environ 6 milliards de m3 par an, ce qui en fait le matériau manufacturé le plus utilisé de notre planète. 

Le mot béton vient du latin bitumen, bitume, attesté en ancien français, vers 1165, sous la forme betun c’est à dire mortier. C’est un matériau artificiel fait d’un mélange de cailloux, de graviers et de sable et d’eau, réunis entre eux au moyen d'un liant généralement hydraulique, qui sert de colle, le plus souvent du ciment. Omniprésent dans notre quotidien, il reste cependant un matériau dont la complexité est cachée par une apparence monolithique mais quelle est sa composition, quelle est son histoire et quel est son avenir ? Toutes ces questions sont d’autant plus importantes que les enjeux de durabilité et de recyclage font aujourd’hui partie des attentes des acteurs publics et privés. 

Progrès scientifiques et techniques : les origines du béton 

L’histoire du ciment et du béton est liée à une suite d’inventions et de brevets. Si l'on s'en tient à la définition du béton comme du mélange d'un liant et de granulats, son usage remonte à la haute Antiquité (3 000 à 700 avant J. -C.) avec les mélanges à base d'argile en Mésopotamie notamment. Au XIXe siècle, grâce à l’industrialisation de la fabrication du ciment, de nombreuses avancées successives assurent le succès du béton. Comme l'invention du « ciment armé » par un jardinier, nommé Joseph Monier (1823-1906) qui dépose, entre 1867 et 1891, des brevets relatifs à un système à base de fer et de ciment pour fabriquer des bacs à fleurs, des tuyaux et des réservoirs à eau. Même s’il existe des dizaines de bétons différents, les types de béton utilisé couramment sont le béton armé, le béton désactivé, le béton fibré, le béton précontraint, le béton hautes performances, le béton projeté et le béton prêt à l’emploi. 

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Des usages variés : des immeubles aux meubles 

Des meubles, me direz-vous ? Mais avec quel béton ? Le béton ciré est un enduit que l'on applique généralement sur un meuble en bois. Original et contemporain, le béton plein, aussi appelé béton fibré, est un matériau brut qui lui s’utilise de plus en plus dans le design d’intérieur, notamment dans la création de mobilier. Mais revenons un instant sur l'utilisation la plus courante du béton : les constructions en béton armé. Présent dans la majorité des bâtiments et édifices modernes, il contient une faible quantité de ciment (environ 10 % en masse). Il est important de préciser que cette dernière utilisation est responsable de 7 à 8 % des émissions de CO2 dans le monde, ce qui porte à réflexion et donc pousse à réaliser de nouvelles recherches.

Déconstruction et recyclage du bétons 

Le parcours de vie du béton ne s’arrête pas à la fabrication du matériau et à son utilisation première. En effet, le béton continue de vivre même si l’ouvrage initial n’est plus utilisé. La déconstruction fait aujourd’hui très souvent partie du cycle de vie du béton. Le concassage et le réemploi de bétons démolis semblent une moindre exigence pour atteindre la neutralité carbone même si la séparation des aciers demeure énergivore et pénalise le bilan carbone. Un exemple concret de réemploi est l’utilisation des gravats issus du concassage de béton “usé” en sous-couche de béton pour les lignes de métro. 

En 2022, on arrive à recycler ou à réutiliser environ 69% des déchets résultant de la déconstruction des ouvrages. Ces déchets sont regroupés sous l’appellation PMCB signifiant produits et matériaux de construction du bâtiment (bien sûr, il ne s'agit donc pas uniquement de béton). En cas d’impossibilité de retraitement, ces déchets servent tout simplement de combustible.  

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Les nouveaux bétons, enjeux du XXIe siècle   

Résolument conscients de l’empreinte carbone du béton, les industriels tentent par l’innovation d’inventer de nouveaux bétons qui seront moins sources de pollution. Parmi ces innovations, on peut citer le béton bas carbone qui est un matériau avec des propriétés, des performances, des qualités d’usage et une durabilité équivalente à celles du béton traditionnel mais qui génère des émissions de gaz à effet de serre inférieures. Le "verdissement" du béton, pour aller jusqu’à la neutralité carbone, passe également par le choix de ses composants. Entrepris depuis vingt ans, le développement des bétons végétaux a vu lancé en juin 2021 un programme de recherche sur plus de 2 ans visant le recyclage de déchets, en particulier les bagasses et palettes. Le groupement œuvre à fiabiliser les limites dimensionnelles et caractéristiques mécaniques du chanvre, du miscanthus, du lin ou des balles de riz. 

L’utilisation de plateformes comme Kairnial permet d’identifier les bétons utilisés pour la construction des ouvrages et ainsi d’anticiper leur recyclage en cas de déconstruction des assets. Si autrefois on se satisfaisait d’un béton à usage unique, les enjeux contemporains nous obligent à faire évoluer l’industrie de la construction dans son ensemble. Le digital semble une nouvelle une des clés pour faciliter l’approvisionnement, la gestion et le traitement des bétons sur les projets. 

Sources :

LA CROIX, DESIGN-MAT, ECONOLOGY, HEIDI.NEWS, L'info durable, Euronews, Slate, INFOCIMENTS, Setec lerm, LAFARGE et FUTURA